Une série de meurtres secoue le milieu des affaires. D’importants capitaines d’industries sont assassinés par une personne au physique hors normes.
Espionnage, sciences, nouvelle technologie et robot tueur : bienvenue à Londres en 1965 !
Je suis un grand fan de la série Chapeau melon et bottes de cuir (The Avengers) et j’ai redécouvert durant l’été cet épisode de la quatrième saison. Il s’agit d’un des premiers avec le personnage de Mrs Peel.
Si vous aimez l’accent, l’humour et le flegme anglais, et que vous ne connaissez pas encore cette série, n’hésitez pas à y jeter un œil !
L’intrigue
Le contexte
Toutes les victimes ont en commun de vouloir signer l’exclusivité avec l’entreprise Hurachi pour une nouvelle technologie de transistor censée leur assurer une avance majeure sur leurs concurrents.
D’ailleurs le représentant de la société à Londres l’affirme : une nouvelle ère s’annonce avec « des ordinateurs de la taille d’un paquet de cigarettes, des télévisions de poche, des mini-radios ». En bref, ce sont 10 ans d’avance pour celui qui obtiendrait les droits d’exploitation.
A ce moment de l’histoire, nous comprenons qu’il s’agit d’une « simple » guerre entre industriels. Le coupable étant certainement un des protagonistes cherchant à se débarrasser d’encombrants concurrents à moindre frais. Et il ne reste que deux candidats potentiels.
Les entrevues
Mrs Peel rend visite à un industriel fabriquant des jouets « intelligents » semblant assez inoffensifs.
Steed va rencontrer le Dr. Armstrong (société United Automation) qui avait travaillé avec le gouvernement anglais avant d’être remercié suite à un accident l’ayant laissé en chaise roulante.
Se faisant passer pour un journaliste et après avoir obtenu son invitation (une carte perforée), il rencontre enfin Armstrong qui lui fait part de sa vision du monde : L’âge du « bouton » où tout est automatisé. Les machines obéissent sans broncher aux ordres et sont plus fiables que les êtres humains.
Il lui fait une démonstration des performances de sa machine pour résoudre des équations complexes. Il postule que bientôt, les machines pourront faire mieux et plus rapidement que les hommes dans tous les domaines.
Le seul problème selon lui est dans la taille des composants électroniques. Suite à l’appel de son homme de confiance, Armstrong comprend qu’il a été trompé et offre à Steed un magnifique stylo.
L’assassinat du fabricant de jouets vient confirmer la piste du Dr. Armstrong.
La révélation
Steed retourne alors dans les locaux de l’entreprise United Automation. Et nous découvrons enfin le visage du robot tueur qui se présente sous la forme d’un être humanoïde sans âme. Armstrong le programme alors sur la trace de Steed, le stylo servant à la localisation de la cible. Sauf qu’entre temps, Mrs Peel en a pris possession.
Steed se retrouve coincé chez United Automation et incapable de la prévenir. La situation devient critique. Agissant sur le système de chauffage, il parvient à attirer un robot de maintenance dans l’espoir de s’échapper. Malheureusement, il est attrapé et conduit devant Armstrong qui lui explique son projet.
Le remède à l’impulsivité de l’homme est de laisser le contrôle à des cerveaux électroniques intégrant la nouvelle technologie de la société Hurachi. Ils ne pourront pas faire d’erreurs. Armstrong parle de « gouvernement automatisé » quand Steed parle d’une « dictature électronique », de « police cybernétique ».
La conclusion
N’ayant pas de nouvelles de Steed, Mrs Peel se rend dans les locaux d’United Automation, l’occasion pour Armstrong de montrer l’efficacité de ses « cybernautes ».
La scène finale oppose deux robots tueurs à Mrs Peel et Steed. Ce dernier lui explique que le stylo permet de guider le robot vers sa cible. Utilisant cette information, nos héros parviennent à modifier la physionomie du combat. Les deux robots commencent à se battre l’un contre l’autre.
Le Dr. Armstrong est tué par ses créatures en cherchant à s’interposer. Le combat se termine quand l’un de deux robots finit par neutraliser son adversaire mécanique et par détruire le stylo guide.
Repères historiques
Même si nous sommes en 1965 et qu’il s’agit d’une œuvre de fiction, nous pouvons évoquer quelques faits historiques :
- En 1942, Isaac Asimov énonce ses 3 lois de la robotique ;
- En 1947, invention du premier transistor ;
- En 1948, Norbert Wiener formalise les principes de la cybernétique ;
- En 1956, conférence de Dartmouth sur l’Intelligence Artificielle ;
- En 1958, invention du circuit intégré.
Cet épisode s’inscrit donc bien dans son temps. Il se permet même d’anticiper quelques découvertes comme le premier microprocesseur en 1969 (cerveau électronique).
Critique
Il est d’ailleurs toujours amusant de regarder ce genre de divertissement avec nos connaissances actuelles mais globalement, les prédictions de la firme Hurachi se sont réalisées (les minis ordinateurs ou les minis télévisions dont nous avons tous un exemplaire dans la poche). La miniaturisation est bel et bien un enjeu industriel.
La condition du Dr. Armstrong (en chaise roulante) a probablement influencé sa vision du monde et sa rancœur à l’égard des autres : l’automatisation, les boutons, les aides électroniques, etc.
Il y a bien sûr ce débat très moderne sur la place des machines dans notre monde d’humains. Elles seront plus fiables, plus intelligentes, moins impulsives, incorruptibles, infaillibles, etc, avec ce côté magique du progrès qui fait sourire mais qui participe au charme de ces séries des années 60.
Aujourd’hui, nous savons que ce type d’intelligence parfaite n’existe pas et demeure encore un utopie. De plus, nous commençons seulement à nous questionner sur nos valeurs, notre éthique, ce que nous voulons, comment nous le voulons, avec quelles données entrainer nos modèles, etc.
Plus sérieusement encore, ces notions de gouvernement automatisé ou de dictature électronique nous paraissent malheureusement très actuelles. En effet, Il y a toujours une tentation d’utilisation de ces technologies à des fins idéologiques pour contrôler et asservir les populations « pour leur bien ».
Enfin, que dire des robots tueurs ? Entre les drones de combat et autres inventions de sociétés d’armement, cela semble devenir progressivement une réalité inévitable. Saurons-nous empêcher, restreindre ou du moins, encadrer leur utilisation ?
Quant à la mort du Dr. Armstromg, cela n’est pas sans rappeler le destin du Dr. Frankenstein, victime de sa propre création. Cette fin moralisatrice semble être un avertissement. Attention à ne pas nous laisser emporter par notre folie créatrice au risque de nous annihiler.
Cet article hors-série est mon hommage à l’actrice Diana Rigg qui avait incarné un des personnages de fiction les plus mythiques des années 60 pendant 2 saisons entre 1965 et 1967 et qui nous a quitté le 10 septembre dernier à l’âge de 82 ans.
Au revoir Diana Rigg… Goodbye Emma Peel…